Salut les gars ! Aujourd’hui, je vous retrouve non pas pour un article « Voyages », mais pour parler télévision, et plus particulièrement télé-crochets. Si vous me suivez depuis un petit moment, vous savez que j’avais pour habitude de poster sur ma chaîne Youtube des reprises de morceaux appelés « covers ». Au fil des années et des publications hebdomadaires, ma communauté a alors grandi peu à peu et ma visibilité s’est développée. J’ai donc eu l’occasion de recevoir -par mail mais pas que- des propositions de participation à des émissions télévisées musicales. Dans cet article, je vous explique pourquoi je refuse d’y participer.
De la musique ou de la télé ?
Commençons par les aspects les plus logiques. Tout d’abord, qui dit télé-crochet dit émission musicale, mais dit surtout télé. Et qui dit télé, dit audience, production, argent et rentabilité. Le but premier des télé-crochets n’est pas de mettre en avant des artistes en devenir, mais bel et bien de rapporter de l’argent à la société de production et à la chaîne diffusant le programme. Et pour ce faire, tous les moyens sont bons.
D’abord, il y a les innombrables coupures pub, d’une durée avoisinant les 10 minutes chacune (de quoi décrocher rapidement du programme). Ensuite, il y a les fameux « votes » du public par SMS -que j’aborderai plus bas dans l’article-. Mais ce n’est pas tout ! Pour renflouer au maximum leurs caisses, les sociétés de production mettent en place des jeux concours lancés à chaque page de publicité avec la même rengaine : «C’est à vous de jouer, envoyez dès maintenant 1 ou 2 par SMS, vous n’avez que cinq minutes pour jouer (…)». C’est ensuite un mystérieux tirage au sort -effectué à la toute fin du programme- qui désignera l’heureux téléspectateur remportant un an de salaire ou tout autre lot de la sorte. Bref, on est déjà bien loin d’une émission purement musicale, vous ne trouvez pas ?
Rentrer dans le moule de la télé ?
En tant que candidat, lorsqu’on entre dans une telle émission, il faut renoncer à la liberté de tout contrôler. À commencer par le choix des images qui seront montrées de nous. Hormis la production, personne n’a la main sur ce qui va être restitué et montré de nous lors de la diffusion des épisodes. L’identité du participant est comme happée et contrôlée par la production qui tire les ficelles et façonne les apprentis artistes en stéréotypes. Lors des interviews portraits par exemple, les questions -très orientées- des casteurs ne sont pas filmées. Les réponses des candidats, quant à elles, sont judicieusement montées pour coller à l’image que la production veut donner au candidat.
Un autre point sur lequel les candidats ne sont pas libres est le choix des titres. Il faut, là aussi, être en accord avec la production sur les chansons à interpréter. C’est quand même une information qui laisse sans voix dans le cadre d’un tel programme ! Comment peut-on prouver son potentiel musical et montrer son identité artistique lorsqu’on se retrouve à devoir chanter des titres extérieurs à notre répertoire et style musical ?
Des « votes » du public ?
Ce qui me dérange le plus -après le fait que la liberté dans les choix artistiques soit quasi inexistante-, je crois bien que ce sont les « votes » du public. Je ne comprends pas qu’en 2018 il puisse encore y avoir des émissions dans lesquelles il faut « sauver » son candidat favori en envoyant -par SMS surtaxé– le numéro qui lui est attribué. Et je comprends encore moins le fait que des téléspectateurs puissent croire avoir une quelconque influence sur le cours des « votes ».
Non seulement la facture téléphonique sera salée si l’on se prête au jeu, mais surtout aucune transparence n’est faite sur les « votes » (excepté des pourcentages hasardeux pas toujours affichés en fin d’émission). Un candidat « favori » dans une émission ne sera pas forcément vainqueur et les SMS surtaxés n’y changeront rien. L’issue d’un tel concours est en général connue dès les phases de pré-castings, le profil recherché étant celui qui fera vendre des disques et remplir des salles de concert. On cherche un artiste qui soit « bankable » et qui puisse se faire une place durable sur le marché de la chanson car il s’agit, encore une fois, d’un enjeu purement marketing, laissant peu de place à l’aspect Humain.
De la notoriété, et après ?
Je peux comprendre que certains passionnés de musique se laissent tenter par un télé-crochet car cela représente l’opportunité d’acquérir rapidement une forte notoriété. Aussi, il est vrai que c’est une expérience qui permet de rencontrer des professionnels du milieu et d’apprendre beaucoup du métier en peu de temps. Mais à quel prix ? Si l’on n’y est pas préparé, « l’après » télé-crochet peut être rude car notre image est constamment liée à celle de l’émission et il sera très difficile de s’en détacher, même après plusieurs années. Rares sont les chanteurs qui aujourd’hui font une belle carrière vivant pleinement de leur passion et s’étant détaché de l’étiquette du télé-crochet dans lequel on les a vu débuter.
Les candidats, plus d’une centaine par saison, se succèdent (et se ressemblent). Ils ne sont là uniquement pour servir de faire-valoir à l’émission, si bien qu’on a du mal à se souvenir des participants de la saison précédente (et bien souvent des « gagnants »). Les saisons s’enchaînent, mais une fois caméras et projecteurs éteints, combien vivent de la musique ?
Si célébrité rime bien souvent avec réussite sociale, ce type de programme ne me fait aujourd’hui pas du tout rêver. Si la notoriété offerte aux candidats par les télé-crochets est importante, elle est surtout soudaine… mais la retombée derrière l’est d’autant plus. Clairement, à moins d’avoir déjà un projet artistique bien défini avant de se lancer dans un concours de chant télévisé, il faut se préparer à sombrer dans les abîmes de l’oubli lors de « l’élimination ».
En bref…
Pour toutes ces raisons, vous l’aurez compris, vous n’êtes pas prêts de me voir dans la prochaine saison d’un télé-crochet sur votre petit écran. Quelle que soit la chaine, le jury ou encore le présentateur, les mécaniques de ces jeux télé sont, je trouve, vues et revues et deviennent de plus en plus vieillissantes -les audiences s’effritant d’année en année en témoignent d’ailleurs-.
Je tiens à préciser que j’expose ici mon avis et que mes propos n’engagent que moi. Vous avez bien entendu le droit de ne pas être d’accord et nous pouvons en discuter via l’espace commentaires ci dessous. Merci d’avoir lu et à très vite pour un prochain article !